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— Ma chère Agafia Timoféievna, mon ange ! criait Anfissa Pétrovna, prenez mon flacon ! De l’eau ! de l’eau !… plus vite !

— De l’eau ! de l’eau ! criait mon oncle. Ma mère, ma mère ! calmez-vous. Je vous supplie à genoux de vous calmer !…

— On devrait vous mettre en cellule, vous mettre au pain et à l’eau… criminelle que vous êtes ! — sifflait entre ses dents la Pérépélitzina qui semblait vouloir percer Sachenka de son regard furieux.

— Eh bien, qu’on me mette au pain et à l’eau ! Je ne crains rien ! criait Sachenka, emportée. Je défends papa parce qu’il ne peut se défendre lui-même. Mais, qu’est-ce que votre Foma Fomitch auprès de mon petit père ? Il mange le pain de papa et, par-dessus le marché, il l’insulte, il le rabaisse, l’ingrat ! Mais je le mettrais en lambeaux, votre Foma Fomitch ; je le provoquerais en duel et je le tuerais avec deux pistolets !

— Sacha ! Sacha ! criait mon oncle au comble de la souffrance. Encore un mot et tu me perds à jamais !

— Papa ! s’écria Sacha en se précipitant vers son père qu’elle étreignit dans ses bras, les yeux baignés de larmes. Papa ! comment vous perdriez-vous,