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point de départ de toute cette affaire. Il y a huit jours, oui, juste huit jours, mon ancien chef, le général Houssapétov, passe dans notre ville avec sa femme et sa belle-sœur, et s’y arrête pour quelque temps. J’en fus ravi. Je saute sur cette bonne occasion ; je cours les voir et les invite à dîner. Le général me donne sa promesse de venir autant que possible. Un homme charmant, je ne te dis que cela ! et resplendissant de vertus, et un vrai grand seigneur par dessus le marché. Il a fait le bonheur de sa belle-sœur en la mariant à un jeune homme tout à fait bien qui est fonctionnaire à Malinovo et qui, jeune encore, possède une instruction universelle, pour ainsi dire. En un mot, un général parmi les généraux ! Naturellement, voilà toute la maison sens dessus dessous : les cuisiniers préparent leurs plats ; je retiens des musiciens et suis au comble du bonheur. Mais est-ce que cela ne déplaît pas à Foma Fomitch ? Je me souviens que nous étions à table ; on venait de servir un de ses mets favoris. Soudain, il se lève brusquement en criant : « On me blesse ! On me blesse ! — Comment ça ? lui dis-je. — Vous me méprisez à présent ; vous n’êtes plus occupé que de généraux. Vous les aimez mieux que moi ! » Tu comprends, je ne rapporte brièvement que