Page:Dorvigny - Ma Tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle, 1800.djvu/667

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
MA TANTE


nous parler beaucoup, parce qu’il ressortit avec le chirurgien. Il nous dit simplement de ne pas rester là, que le malade avait besoin de repos, de retourner à notre chambre, et qu’il nous ferait appeler bientôt.

L’air pénétré avec lequel il nous dit ce peu de mots, nous perça le cœur. Nous jugeâmes qu’il n’y avait plus d’espoir de sauver ce malheureux, et nos appréhensions furent bientôt confirmées, en voyant entrer l’aumônier dans sa chambre.

Ma tante et moi nous avions essuyé de terribles coups ! passé par de cruelles épreuves !… mais toutes ces émotions fortes et soudaines n’avaient fait qu’étonner et confondre nos esprits… Les mouvemens de la colère et de l’effroi avaient presque toujours étourdi et comprimé le sentiment de la douleur… mais ici c’était une véritable sensation d’attendrissement douloureux, et de chagrin cuisant et réfléchi ! Notre ame