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MA TANTE


machinalement cramponnée après une cage à poules, elle en avait été soutenue, et préservée de sa perte, qui paraissait inévitable. La galère maltaise qui poursuivait le corsaire, et qui Venait directement dans ses eaux, avec l’avantage du vent, avait aperçu mon infortunée tante luttant contre la mort sur ce faible retranchement, l’avait recueillie, secourue, et recouverte d’un vêtement de matelot, puisque les chevaliers n’en avaient pas à l’usage de femme.

Ils avaient tiré d’elle des renseignemens sur la force du corsaire et le nombre de ses hommes, et quand ma bonne Geneviève, qui refusait d’abord leurs secours, avait entendu qu’ils allaient attaquer les turcs, elle avait enfin consenti à vivre encore pour avoir du moins une occasion de me venger ; car elle me croyait bien morte aussi, victime de ces barbares.

Animée par ce puissant motif, elle avait donc sauté la première à l’abor-