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MA TANTE


fatiguer ainsi de toutes ces interrogations, qui ne servaient, pour le moment, qu’à renouveler son chagrin, et qu’il fallait la laisser un peu remettre de la frayeur qu’elle avait eue, mais qu’il la connaissait, et qu’il répondait qu’elle était une honnête personne.

L’obscurité et le mouvement de la voiture ayant à mesure assoupi tous les voyageurs, il ne resta plus d’éveillés que ma tante et moi, et peut-être celui qui nous avait fait entrer dans la diligence ; mais prudemment, il crut devoir attendre au lendemain pour se faire reconnaître de ma tante.

J’étais à côté d’elle, et j’éprouvais bien sans doute ses mêmes sentimens sur la cruelle singularité de notre position. Nous étions dans une diligence qui nous emmenait sans que nous sussions où ; nous ignorions de même avec qui nous nous trouvions ; et un homme de cette compagnie cependant s’intéressait à nous…