de ma pauvre tante, mais le preneur
ne lâcha pas nos louis ni nos écus, et
s’enfuyant tous deux bien vîte par un
chemin de traverse, ils nous laissèrent,
ma tante et moi, à moitié mortes de
frayeur, et tout-à-fait ruinées et sans
ressources.
Désespérée de ce dernier coup, et hors d’elle-même, ma tante perdant absolument la tête, regrettait de n’avoir pas été tuée par ce soldat, ou soi-disant soldat, qu’elle regardait comme un voleur déguisé ; et lasse de vivre, disait-elle, et décidée à finir sa déplorable existence, elle courut se jeter sur le milieu du chemin, pour que la voiture, qui arrivait grand train, lui passât sur le corps… Effrayée de cet acte de désespoir et de folie, je me mis à pousser des cris affreux…
Le postillon arrêta ses chevaux tout court : c’était la diligence qui avait soupé à notre auberge. Les voyageurs s’informant de la cause de cette alarme, je