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MA TANTE


régnait encore, ils n’avaient jugé de mon sexe que par mes habits.

Pour les entretenir dans cette supposition qui était du moins un préservatif pour mon honneur, dans ces premiers momens je me prêtai de la meilleure grâce que je pus à tous les travaux qu’ils firent faire pendant la journée, quoiqu’ils excédassent de beaucoup mes forces ; mais l’espérance de parvenir à recouvrer ma liberté en gagnant leur confiance, me donnait du courage.

J’eus même l’effronterie de leur dire, sur la demande qu’ils me faisaient du sujet de mes cris quand ils avaient couru sur nous, que j’étais bien aise d’être tombé entre leurs mains, car ils m’avaient délivré d’un grand danger. A cette occasion, j’eus encore la présence d’esprit de leur bâtir un conte à peu près vraisemblable. Je leur dis que l’homme qu’ils venaient de tuer, était un scélérat de cocher qui avait assassiné mon maître, qui voyageait dans cette voiture