faire grande attention. Il revint ensuite
nous trouver ; on nous servit, et nous
soupâmes très-bien, car le voyage nous
avait donné de l’appétit. Le repas fut
même fort gai, moyennant les rasades
que monsieur de Lafleur nous versait
abondamment, et par malheur ma chère
tante aimait beaucoup le bon vin, et
son exemple avait aussi influé sur moi.
Je ne sais si monsieur de Lafleur avait mêlé quelque drogue assoupissante dans ce qu’il nous fit boire ou manger ; mais ce que je sais bien, c’est que ma tante et moi nous nous endormîmes toutes deux à table.
Alors, monsieur de Lafleur reprit à ma tante la bourse de cinquante louis qu’il lui avait donnée, sauf un qu’il lui laissa. Il vendit le carrosse et les deux beaux chevaux à l’aubergiste, qui pouvait trouver des occasions pour s’en défaire avantageusement, et s’accommoda d’un méchant cabriolet avec un petit cheval, pour le conduire seulement,