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MA TANTE

Il y avait déjà près d’un mois que j’étais ainsi dans cette condition, où je me plaisais beaucoup. Ma tante m’était venu voir, et m’avait appris que son curé l’avait aussi fort bien reçue ; de sorte que nous étions toutes deux fort contentes de notre sort, et par la bonté de nos maîtres, et par la proximité de nos demeures, qui nous donnait la facilité de nous voir. Mais il était dit qu’il ne pouvait y avoir de bonheur durable pour nous.

Le mari de ma maîtresse s’absentait quelquefois pour un jour ou deux, suivant les petits voyages qu’il était obligé de faire ; mais jamais il ne découchait sans prévenir sa femme ; et ces jours-là, celle-ci me faisait partager son lit pour lui tenir compagnie.

Or un jour que le mari était allé à trois lieues, pour chercher une somme d’argent qu’on lui devait, et qu’il avait dit, en partant, qu’il serait revenu de bonne heure pour souper,