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MA TANTE

Or il advint qu’un beau matin notre nouveau et enthousiaste canuliste entra dans notre chambre pour prendre les ordres de ma tante, et l’accompagner à son ordinaire dans ses visites secrètes : il avait à la main sa seringue qu’il ne quittait jamais, car même, tel qu’un brave qui, en se couchant, met son épée sous son chevet pour être toujours prêt au combat, le jeune Anodin (nom que ma tante lui avait substitué à celui de Blondin qui était son véritable) faisait reposer à côté de lui, en dormant, l’instrument honorable dont il attendait et profit et renommée.

Ma tante, qui ce jour-là, par hasard, n’avait ni estomac à soulager, ni colique à appaiser, ni bas-ventre à rafraîchir, ni intestins à détortiller…, était sortie pour ses affaires particulières, ou même, je crois, pour des pratiques de dévotion ; car, sur ses vieux jours, la perspective de la mort commençait à la rendre scrupuleuse sur beaucoup d’articles qu’é-