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MA TANTE


lant. Elle partit, et peu de temps après nous eûmes la nouvelle qu’elle s’était noyée avec tout l’équipage de son bateau, au passage du Mardyk.

C’est sa tendresse pour toi, ma nièce, et l’envie de te procurer un sort plus heureux, qui lui a coûté la vie. En la pleurant, j’ai juré de remplacer auprès de toi cette malheureuse mère. Je l’ai fait jusqu’à présent, autant que mes faibles moyens l’ont pu permettre. J’ai même écrit plusieurs lettres en Hollande, à ton père, dont ma belle-sœur m’avait dit le nom ; je n’en ai jamais eu de réponse, et il a vraisemblablement, comme un cœur dénaturé qu’il est, oublié la mère et la fille… Mais il te reste une tante, Suzon, et, tant que le bon Dieu lui conservera des jours, elle ne te manquera jamais… Elle finit là son récit.

Je me jetai dans les bras de cette digne femme, et, sans pouvoir proférer une parole, je la mouillai de mes