Page:Dorvigny - Ma Tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle, 1800.djvu/448

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
GENEVIEVE.


je me sentis embrasser fortement dans mon lit.

Je crus d’abord rêver ; mais deux bras me serrant encore plus, un visage s’appuyant sur le mien, et une voix me disant : « Ne parle pas, ma chère Geneviève » ! je reconnus que j’étais bien, éveillée, et que les bras, le visage, et sur-tout la voix bredouillante appartenaient à monsieur le tabellion, qui, profitant lâchement et criminellement de l’état de maladie de sa femme, s’était levé d’auprès d’elle pour venir à mon cabinet, dont la petite porte vitrée était sans serrure…

« Voulez-vous bien vous en aller, monsieur ! lui dis-je en me rencognant contre la cloison ; est-ce là la conduite d’un honnête homme ?… Pensez donc que votre femme est malade !… — C’est vrai, mais tu te portes bien, toi, et c’est justement pour ça que je viens te trouver de préférence… ne t’inquiète pas, laisse-moi faire…