Page:Dorvigny - Ma Tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle, 1800.djvu/447

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
MA TANTE


même. Il me serrait et me baisait le bout des doigts, quand il pouvait m’attraper hors de la vue de sa femme, me faisait toujours des discours entortillés, me rabachait de sa prédestinée, qui me gardait quelque chose… Il m’appelait sa petite maîtresse, et me répétait souvent que sa femme ne pouvant aller loin, parce qu’elle avait un asthme, il me regardait comme sa seconde, et me destinait sa survivance…

Je lui laissais bredouiller tout cela sans conséquence, comme des plaisanteries d’un bonhomme babillard et jovial, et je ne l’écoutais seulement pas.

Enfin, un soir que madame, ayant beaucoup souffert de son asthme, avait pris une potion pour la réconforter et l’assoupir, et que moi-même, fatiguée des peines que j’avais eues auprès d’elle toute la journée et toute l’autre nuit, je m’étais couchée et endormie, comme une jeune fille qui a veillé trente-six heures…