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MA TANTE


» payer, tout ça… Car, malgré que ça abonde, on ne peut pas l’avoir pour rien… Eh ben, quand on peut donc Se le procurer, on serait dupe, et même coupable si on se laissait mourir de faim ou de soif… V’là mon principe, à moi… buvons »… Et il but un second verre, en me faisant achever moi-même celui qu’il m’avait versé…

« Mais, reprit-il, v’là mon garçon, à qui j’avais donné la clef des champs pour aujourd’hui, qui rentre… Notre souper est tout prêt : mettons-nous à table, et mangeons ».

J’étais émerveillée des bons procédés de cet homme, par comparaison surtout avec les duretés et les rebuffades que j’avais essuyées de tout le monde, avant lui ; mais je n’eus jamais le temps ni la permission de lui adresser des remercîmens : il me coupait chaque fois la parole…

« Si je fais bien, me disait-il, j’ai raison, et je remplis mon devoir ;