on dit, à lever le coude, et j’en tirai bon
augure, parce qu’on dit aussi que les
buveurs ont bon cœur). Il m’en versa
un grand verre, et, trinquant familièrement
avec moi, me dit : « Avalez-moi
ça, mon enfant, pour vous rendre des
forces. Après ça, nous souperons ensemble,
avec mon garçon, car je n’en
ai qu’un, parce que je ne suis pas de
ces plus riches, dà ! et puis un boulanger
de village ne vous tient pas des
régimens de garçons comme ceux
des grandes villes ! Mais c’est égal,
mon pain est bon, mon vin n’est pas
mauvais, et il y a encore, les jours
de dimanche comme aujourd’hui, un
rôti et une salade… parce que
j’aime à vivre, moi. Nous ne sommes
sur la terre qu’en passant ; le bon
Dieu nous fait pousser du blé, des
herbes, de la vigne, et fait naître des
animaux pour notre nourriture ; il
nous donne en outre des bras et de la
force pour travailler à gagner de quoi
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GENEVIEVE.