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MA TANTE


malheureux, et qu’il me donnerait à souper et à coucher sans rien exiger de moi…

« Mais, ajouta-t-il, nous savons qu’on fait souvent des histoires pour exciter la pitié du monde, et que celui qui les écoute est quelquefois dupe de son bon cœur… Ce n’est pas que j’aie mauvaise idée de vous, car vous avez un air de franchise qui me plaît et qui m’intéresse en votre faveur ; et si vous êtes aussi honnête que vous paraissez l’être, vous aurez peut-être bien fait de vous adresser à ma maison. Asseyez-vous, d’abord, et reposez-vous, car vous êtes fatiguée ; et buvez un coup pour vous remettre ».

Et, sans attendre ni ma réponse ni mon remercîment, ce brave homme me fit entrer dans son arrière-boutique, prit une bouteille de vin qu’il avait déjà entamée (car, dès cette première conversation, je m’aperçus qu’il aimait, comme