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GENEVIEVE.

Ce petit triomphe que je venais de remporter par la seule bonté du public, puisque j’étais loin d’avoir encore rien mérité de sa part, servit beaucoup à me rendre le courage, et deux verres d’excellent vin, que le directeur me fit avaler, ayant achevé de me remettre tout-à-fait, je me décidai à reparaître ; l’amour propre se mettant de la partie, me fit sentir que je devais m’efforcer de justifier ces encouragemens que l’on voulait bien me donner ; ce vin d’ailleurs m’avait inspiré de la hardiesse, et je reparus avec assez de fermeté.

Je chantai mon premier air, pas encore très-bien, mais je fus applaudie, et dès cet instant la peur me quitta entièrement, et j’allai de mieux en mieux jusqu’à la fin, où l’on me témoigna la satisfaction la plus complète, non-seulement en m’applaudissant unanimement, mais encore en redemandant une seconde représentation de cette même pièce pour le lendemain.