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GENEVIEVE.

Il est bon de dire ici que dans le nombre des voyageurs du coche, il y avait quelques moines de différens ordres, entr’autres un italien, comme j’en avais jugé par son accent, qui portait une besace, et allait apparemment pour quêter dans quelques endroits voisins. Il m’avait considérée toute la journée, et même adressé plusieurs fois la parole dans les momens de distraction ou d’absence de ma tante ; il m’avait aussi fait de ces caresses d’amitié qu’un homme d’âge se permet vis-à-vis d’un jeune homme, comme il me croyait être, flatté les joues et le menton, et donné de petits soufflets… liberté dont je n’avais pas cru devoir paraître scandalisée, pour mieux soutenir l’apparence du sexe que mes vêtemens faisaient présumer.

Ce moine était bien descendu un instant pour aller quêter à l’auberge, mais il était rentré peu après dans le coche, s’était établi proche de nous, et