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MA TANTE


que ce brutal pouvait me faire, et lui dis, en affectant un air leste, que je ne demandais pas mieux… qu’il montât devant moi pour me montrer le chemin, et que j’allais le suivre.

Il me crut et me lâcha, et soudain, quoique je ne susse pas nager, je me jetai à l’eau, toute habillée.

La providence me récompensa de la confiance que j’avais eue en elle ; car, au moment où je devais périr infailliblement, elle toucha le cœur de cet homme qui, effrayé du malheur dont il allait être la cause, détacha promptement son bateau, vint sur moi, me retira de l’eau, me reporta à terre, s’éloigna ensuite sans me dire un seul mot, et disparut bientôt.

Ces deux aventures, presque de suite, firent encore plus parler de moi dans le village, et j’y étais regardée avec intérêt par les jeunes gens, et admiration par les filles. Ma mère, qui était déjà