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MA TANTE


et elle m’étala les dix louis sur une table.

« Ah, madame ! lui dis-je, je n’ai pas d’ambition pour la fortune ; je n’en ai que pour conserver ma sagesse, comme ma mère me l’a recommandé. Je remercie monsieur de ses louis ; et, sans savoir comment vous voulez que je les gagne, je crois bien que ce n’est pas là une manière honnête ».

J’étais toujours nue entre ces deux décentes personnes, qui me retenaient chacune par une main, tandis que le vieux libertin me caressait malgré moi, de l’autre.

« Ma chère dame, repris-je encore, en pleurant et me prosternant devant elle, au nom de Dieu, laissez-moi aller ! laissez-moi me rhabiller avec mes mauvais vêtemens, et je vais sortir de chez vous. J’aime encore mieux promener et laver des enfans, que de gagner comme ça des louis…

» Oh bien, ma bonne !… dit alors