Page:Dorvigny - Ma Tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle, 1800.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
MA TANTE


fourneaux, j’allais promener trois petits enfans qu’elle avait, et que madame lui permettait d’élever dans la maison, où le mari était portier. Ce qui me faisait le double emploi de bonne d’enfans, et d’aide de cuisine ; mais avec un peu de peine et beaucoup de complaisance, je me tirais assez bien des deux offices.

Au bout de quelque temps, un jour que la cuisinière était indisposée, et qu’elle crut pouvoir se reposer sur moi du soin de mener seule sa cuisine, elle resta couchée et me chargea du repas. Fière d’une preuve si honorable de sa confiance et du talent qu’elle me reconnaissait, je me mis hardiment à la besogne, en l’assurant qu’elle pouvait être tranquille. J’apprêtai donc et je servis le dîner.

Il est bien vrai de dire qu’on a des jours malheureux, ou que des malins génies se plaisent quelquefois à nous contrarier !… Moi, qui avais déjà fait plusieurs excellens ragoûts, et régalé