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MA TANTE


une comédie nouvelle qu’il avait vu jouer la veille, et en parodiant une actrice, il imitait si burlesquement ses faux gestes, que madame riait beaucoup. Moi qui suivais aussi des yeux tous les mouvemens du conteur, ayant manqué la tête de ma maîtresse, au lieu de rattraper la papillote, je lui saisis l’oreille, que je serrai et brûlai fortement. Cela changea la scène, qui de comique devint tragique. Les hauts cris succédèrent aux éclats de rire ; perdant la tête moi-même, je lâchai le fer, qui tomba justement sur la main potelée de l’abbé et la brûla de même. Celui-ci secoua et rejeta vivement l’instrument brûleur, qui, allant cogner au milieu du miroir de toilette, le brisa en cent pièces… Les deux brûlés se levèrent en me maudissant ; je tombai à genoux pour leur demander pardon, et en me précipitant je renversai avec mes pieds la petite table où était le déjeûner de madame, qui fut perdu, et les porce-