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MA TANTE

Ma pauvre mère avait couru bien vîte pour m’acheter un déshabillé ; mais plusieurs dames attendries sur ma double aventure, me firent des cadeaux, et leur générosité me valut une garde-robe complète, et de quoi habiller encore cinq à six sœurs, si je les avais eues. Une de ces charitables dames, même, proposa à ma mère, quand elle revint, de me prendre chez elle pour seconde femme de chambre. Ma bonne mère y consentit avec joie, et je repartis de la prison en triomphe, bien habillée, et dans un beau carrosse, pour aller dans un bel hôtel ; tandis qu’il semblait, une heure avant, que je n’en devais sortir que dans un tombereau pour être conduite à l’échafaud !… « Tu vois, ma fille, me dit ma mère, voilà ce que produisent la sagesse et la vertu ». — Je te fais la même observation, ma nièce, et tu en as eu déjà la même preuve avec sainte Suzanne.