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MA TANTE


je vins à sentir un repoussement de je ne sais quoi… comme je n’en avais jamais senti avec ma mère… mais qui me fit une frayeur horrible. Eh mais, mon dieu ! disais-je en moi-même, ce n’est ni ses pieds, ni ses mains qui me poussent là… Combien ce cousin-là a-t-il donc de membres ?… Et je me reculais de lui tant que je pouvais ; mais il me serrait de plus belle, quoiqu’il continuât de dormir et de rêver, et la diable de machine me tourmentait et me blessait toujours. Par égard pour sa grande fatigue, j’avais craint d’abord de l’éveiller ; mais de l’épouvante que j’avais, je fis un saut si fort, en lui détachant les bras et les jambes qui s’étaient recroquevillées après moi, que je tombai à bas du lit. Au clair de la lune qui donnait dans la chambre, j’aperçus la porte d’un cabinet où j’avais vu entrer la grosse servante qui avait apprêté notre souper. J’y entrai bien vîte, et ayant refermé la porte sur nous par-