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MA TANTE

s’apprécier juste, et de se borner au seul et véritable emploi auquel la nature les avait destinés !…

Ne se départissant donc plus du fondement sur lequel elle avait cru pouvoir établir sa petite fortune, ma tante ne mérita jamais le reproche que le fameux peintre Apelles fit jadis à un savetier : Ne sutor ultra crepidam. Elle allait droit à sa besogne, et ne se mêlait jamais de fourrer, comme on dit, son nez autre part, ni de jaser à tort et à travers de ce qui n’était pas de son district… et c’est encore là un article essentiel ! Que de bonnes, que de gouvernantes, que de gardes étourdissent leurs malades d’un bavardage ennuyeux, au lieu de les bien soigner ! Mais ma tante, naturellement silencieuse dans la posture où elle voyait toujours les siens, s’abstenait de ces colloques inutiles, et toute entière au but de son emploi, elle soulageait ses patiens au lieu de babiller.

Aussi faisait-elle fort bien ses affaires,