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MA TANTE




CHAPITRE XV.


Une des histoires de la jeunesse de ma
tante.


Je suis forcée de convenir que je n’ai jamais été jolie ; mais, étant jeune, j’avais quelque chose de piquant dans la figure ; on me trouvait un petit air chiffonné et mutin, qui, joint à beaucoup de gaieté naturelle et à cette fraîcheur d’une-fille de dix-huit ans, ne laissait pas de me valoir encore des conquêtes. Je n’étais pas riche non plus, mais j’avais toute sorte de petits talens qui me mettaient à même de bien gagner ma vie ; et je ne dépendais que de moi, n’ayant plus de parens. Cette liberté que j’avais de mes actions, était un grand appât de plus pour les chercheurs de bonnes fortunes ; mais heureusement j’avais en moi-même un fond de prudence, et même déjà d’expérience, qui