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MA TANTE


deux ; que, quand elle aurait un époux, il serait juste qu’il fit les frais de son coucher ; mais que, jusque-là, elle n’entendait pas qu’elle eût d’autre lit que le sien.

Il voulut insister en disant que, d’après les déclarations qu’il nous avait faites, et qu’il était prêt à nous réitérer, nous pouvions et devions même le regarder comme étant déjà effectivement mon époux ; et que, comme il en avait tout l’amour, je ne risquais rien à lui en accorder tous les droits. En finissant cette belle phrase, il commença à prendre un droit d’époux en m’embrassant fortement et sans ma permission.

« Nage toujours, et ne t’y fie pas ! répondit ma tante ; il n’y a que le sacrement qui donne ces droits-là ; et toute fille qui est assez sotte pour les laisser prendre avant, s’appellera toujours mam’selle, quand même on lui aurait promis vingt fois de la faire madame… Ce n’est pas par ouï-dire seulement que je le sais ; mais quand