nête de sa part, et je me confondais en
remercîmens pour les bontés dont il paraissait
vouloir me combler… Mais
ma tante, qui avait vécu et vu plus que
moi, avait une habitude toute opposée
à la mienne. Elle ne voyait, dans les plus
beaux complimens, que faussetés ; dans
les promesses, que des piéges ; et dans
les amoureux de nos appas, que des ennemis
de notre honneur.
La conduite de monsieur de Lafleur lui paraissait louche, sur-tout depuis qu’il m’avait conduite chez le peintre, pour m’y faire transformer en sainte Suzanne ; et quoique charmée d’avoir eu l’argent de ma séance, elle augurait mal de la délicatesse d’un homme qui avait exposé sa maîtresse nue aux regards de cinq autres, et cela avait beaucoup diminué de l’idée qu’elle avait eue d’abord qu’il voulait faire de moi sa femme.
Elle lui dit donc tout bonnement que, tant que sa nièce ne serait pas mariée, sa chambre serait assez grande pour elles