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MA TANTE


toujours les yeux et les oreilles au guet ; et déroutait à tous momens sa langue et ses mains ; car les unes étaient vraiment aussi agissantes que l’autre était frétillante.

On se mit à table enfin, et pendant tout le souper, monsieur de Lafleur ne nous entretint que du désir qu’il avait d’unir son sort au mien, et de ne plus nous quitter ; même, s’avançant de plus en plus, il proposait déjà, pour débarrasser ma tante, dont la chambre était petite, et le lit, disait-il, trop étroit pour nous deux, sur-tout vu que nous étions dans la saison des chaleurs, de me chercher dès le lendemain un autre logement où j’irais habiter seule, en attendant qu’il eût trouvé l’occasion favorable pour faire agréer notre mariage à son maître, et il s’y chargerait de ma dépense.

Moi, simple et accoutumée à ne voir dans les discours que la première intention que les paroles semblaient y donner, je trouvais tout cela infiniment hon-