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MA TANTE


tude, il me soutint le corps et les membres avec des rubans blancs, puis il se mit au chevalet et commença à esquisser.

J’avais les yeux fixés sur la pendule, et j’aurais voulu pouvoir précipiter ses mouvemens, tant pour sortir plutôt de l’état indécent où je me voyais devant un homme, que pour porter plus vîte à ma tante le prix de ma complaisance pour sainte Suzanne.

Le peintre me regardait avec enthousiasme, soupirait, quittait ses pinceaux ; s’avançait vers moi, se reculait, tournait, m’examinait de tous côtés, et semblait me dévorer des yeux… Par fois même il me touchait sous prétexte de rectifier ma position…

Enfin des mouvemens extraordinaires et un frémissement effrayant qui agita toute sa personne, m’inspirèrent une terreur subite, et je m’écriai, toute tremblante :

« O ciel ! que voulez-vous donc faire ?