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MA TANTE


chant naturel et violent qu’elle avait, disaient-ils, à la galanterie, elle n’osait s’y livrer, de peur qu’il ne lui en coûtât quelque chose… ne fût-ce qu’un petit surcroît de nourriture pour son favori… Et cela prouve qu’un défaut, quelque fois, empêche de s’abandonner à un autre.

Le dîner prêt enfin, ces messieurs se mirent à table : on servit tout à la fois pour faire plus d’étalage, et satisfaire plus voluptueusement les yeux, et le spectacle enchanteur de ce copieux ambigu, leur fit pousser à tous des cris d’enthousiasme et d’admiration.

Ce premier éclat de leur ivresse appaisé, ils se mirent à témoigner plus solidement encore leur satisfaction, et firent sauter les morceaux avec une adresse et une vivacité qui prouvaient à la fois, et la complaisance de leur estomac, et le besoin qu’ils avaient véritablement de ce supplément bienfaisant, qui leur arrivait si à propos.