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GENEVIEVE.


tout en dévorant véritablement le morceau de pain qu’elle m’avait non pas donné, mais jeté comme à un chien.

« O ciel ! me disais-je, en mangeant, pleurant et soufflant le feu tout à la fois, comme il est donc dur de dépendre des autres, et sur-tout de ces corsaires qui font métier de rançonner le public !… Hélas ! toutes leurs criminelles manœuvres sont récompensées, leurs vexations sont autorisées, leurs malfaits sont tolérés… Ils pillent impunément la veuve et l’orphelin, ils s’engraissent des larmes des malheureux !… Comment auraient-ils de l’humanité pour les pauvres diables qui sont réduits à les servir » ?

Le chocolat fait, je le descendis à madame. Monsieur s’était servi son caraffon lui-même, puisque, par une précaution pareille à celle de sa digne épouse, qui craignait que je ne misse de l’eau dans son lait, il appréhendait bien