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cieusement, bien qu’il s’en cachât à soi-même, et, tout ensemble, il en fut froissé :

« Cependant, répétait-il au lendemain de son élection, j’étais déjà Leconte de Lisle avant d’être académicien. »


III


On peut dire que cette distinction, et la notoriété qu’elle ajouta à un nom depuis longtemps célèbre, embellirent les dernières années de Leconte de Lisle et eurent sur son esprit une influence heureuse. Toute sa rancune se transforma en bonhomie, et, dans sa naïveté de grand homme, il restait abasourdi des hommages que lui valait son titre nouveau. On commença de s’apercevoir qu’il n’était plus méchant que pour la forme, qu’il y avait eu un immense enfantillage caché sous quelques-unes de ses révoltes d’autrefois. Leconte de Lisle lui-même souriait à présent de ces anecdotes cruelles ou sceptiques qu’il contait avec une diction impeccable, le monocle rivé dans l’œil, aux aguets des étonnements qu’il comptait bien produire :

« Un dimanche, disait-il, je me trouvais chez Béran-