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CHAPITRE VI

La Grèce

Leconte de Lisle avait trouvé, dans ses hérédités bretonnes, dont la pureté était écrite dans les traits de son visage, ce goût secret, ce sens naturel de la proportion, qui, à la minute même où il s’enivrait, de la glorieuse confusion de la forêt bourbonnienne, de la jungle des Indes, et des doctrines contradictoires, profondes et décevantes de Brahma — lui laissait le regret des belles ordonnances, auxquelles le cerveau de l’homme a présidé.

Cette disposition devait le conduire, par une pente naturelle, à l’amour de la Grèce et de son œuvre totale, la lyrique comme la plastique. Elle était, dans un coin secret de sa pensée, un effet de cet instinct de réaction contre le milieu, que l’on distingue chez tous les génies créateurs, et qui a fait naître, par exemple, un Watteau et un Carpeaux dans les charbonnages de Valenciennes.

À l’époque, où, écolier plus rêveur que studieux, le jeune créole feuillettait distraitement, à Rennes[1], ses livres de

  1. En 1839.