surgir le Christ au chevet du Moine-abbé moribond qui, après avoir usé du pouvoir spirituel et temporel pour vouer toute chair « en holocauste à Dieu, » doute, à sa dernière heure, s’il a vécu dans l’orthodoxie. Il implore Jésus, mais celui-ci repousse l’inconscient qui, en s’imaginant le servir, l’a trahi :
..............« … Va-t-en !
Tu mens ! C’était l’orgueil implacable et jaloux
De commander aux rois-dans tes haillons de bure,
Et d’écraser du pied les peuples à genoux,
Qui faisait tressaillir ton âme altière et dure…
Qui t’a dit de tuer en mon nom, assassin ?
Regarde ! Mon royaume est plein de tes victimes !…
Arrière ! Va hurler dans l’abîme éternel ![1] »
Et le poète ne s’arrête pas là, il fait gravir, au Crucifié, l’escalier des hiérarchies romaines. En face du Pape, il l’évoque, avec ses longs cheveux roux, ses mains, ses pieds nus et percés, son front couronné d’épines d’où les gouttes d’un sang noir n’ont pas fini de ruisseler sur les reflets de l’auréole :
« … Et ce spectre debout dans sa majesté grave,
Hôte surnaturel, toujours silencieux,
Sur l’Elu des Romains et du sacré Conclave
Épanchait la tristesse auguste de ses yeux.[2] »
Mais, cette fois, le Serviteur parle plus haut que le Maître. Le Pape explique, au Martyr expiatoire du Golgotha, tout ce qu’il y a eu de chimérique dans sa doctrine d’amour, de douceur, d’universelle fraternité :
« Fallait-il donc, soumis aux promesses dernières
D’un retour triomphal, toujours inaccompli,
Tendre le col au joug et le dos aux lanières ?
Ramper dans notre fange et finir dans l’oubli ?…