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ESSAI SUR LECONTE DE LISLE

On est aux environs de l’année 1400. C’est-à-dire que Dom Guy a vu, ou verra, défiler sur le trône Pontifical, Jean XXIII, Grégoire XII, Benoît XIII. On sait quel spectacle Rome donna à la catholicité pendant ces trois Pontificats.

Or, Dom Guy est favorisé d’une vision céleste ; les sept Péchés Capitaux : l’Orgueil, l’Avarice, la Luxure, l’Envie, la Gourmandise, la Colère et la Paresse, surgissent devant lui, dans des tableaux qui sont, pour Leconte de Lisle, une occasion de fulguration d’images.

C’est d’abord le Pape, « l’abominable Cossa diacre du Diable » qui, ivre d’Orgueil et d’Avarice vient plonger, avec rage, ses mains flétries en des monceaux d’or et d’argent :


« … Cet argent était chaud de vos larmes amères,
Pauvres enfants tout nus, et lamentables mères !
Il se nommait Traîtrise et Spoliation…[1] »


C’est ensuite le tour de la monstrueuse Envie « ayant en soi la laideur de chacun ». dont le venin creuse la pierre et dont le poète peut dire :


« … Quand il atteignait l’homme juste et puissant,
Il n’en restait qu’un peu de fange avec du sang…[2] »


Après Rome, c’est Paris, la bonne ville, au centre de laquelle le Louvre, joyeusement illuminé, apparaît, au moine comme a une tache d’Orgie ». Et c’est le couvent des frères, sombres dans la ripaille de bouche, dont l’abbé est Lucifer. Enfin ce sont les Ordres Contemplatifs, les serviteurs de la Paresse, ici personnifiés par les Apôtres qui devisent, pendant que Jésus halète à chasser, à grands coups de fouet, les marchands du Temple.

  1. « Les Paraboles de Dom Guy ». Poèmes Barbares.
  2. Ibid'.