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CHAPITRE IX

L’Histoire

Dès le temps où Leconte de Lisle se demandait s’il ne finirait pas, en Bretagne, dans la peau d’un « professeur d’histoire », il avait proposé à son ami Rouffet de composer, en collaboration, un recueil de vers dans lequel on réserverait une place d’honneur à « l’Histoire poétisée[1] ».

Histoire poétisée. C’est là une expression à retenir. Leconte de Lisle possédait, en effet, des dons d’historien, et comme, avant tout, il était un poète, il ne pouvait jamais cesser d’appliquer, à la transformation des faits, ses facultés poétiques. De là des transfigurations de la vérité objective

  1. En 1843, au moment où il achevait ses études de droit en Bretagne, Leconte de Lisle demanda au Ministre de l’Instruction Publique de le nommer à une « Chaire d’Histoire » dans l’île Bourbon : « Citoyen Ministre, écrivait-il : le soussigné Leconte de Lisle (Charles) Bachelier ès lettres, ancien rédacteur de la Revue Indépendante et de plusieurs autres revues périodiques, créole de l’île de la Réunion, a l’honneur de vous soumettre la demande suivante à laquelle il espère, Citoyen Ministre, que vous voudrez bien faire un favorable accueil. Deux chaires sont en ce moment vacantes au Collège National de l’île de la Réunion, l’une de philosophie, l’autre d’histoire, le soussigné, par suite de ses études spéciales, se croit apte à remplir cette dernière… »