Page:Dornis - Essai sur Leconte de Lisle, 1909.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE VIII

Le Rôle du Poète

La lecture des lettres écrites par Leconte de Lisle à Louis Ménard, à Jobbé Duval, à Paul de Flotte, entre les années 1849 et 1852, éclairent, d’une vive lumière, l’état d’esprit où se trouvait le poète lorsqu’il se détacha de l’action politique pour revenir à sa pure passion de poésie et de beauté. Il voulait justifier aux yeux des autres, et expliquer aux siens propres, les raisons de son désistement. Il était irrité de constater que Ménard, dans le recul de l’exil où il vivait, se berçait d’illusions persistantes. La franchise absolue étant la règle des rapports amicaux, poétiques et politiques, qu’il entretenait avec cet intime compagnon, il lui écrivait :

« … Je ne puis m’empêcher de considérer comme un acte coupable, comme un oubli du devoir, qu’il est donné à l’artiste de remplir, le fait qu’il délaisse, par caprice ou par lassitude, la sphère de son développement intellectuel pour