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quier et c’était encore une domination plutôt qu’une défaite. Mais mieux, cela lui procurait maintenant un plaisir ineffable.

Elle en venait à désirer cette pratique que son protecteur ne lui allouait qu’à de longs intervalles, car sa jouissance, à lui, devenait tous les jours plus laborieuse.

Le banquier offrit à Louise des bijoux et des toilettes admirables. Elle fut bientôt renommée à Paris pour sa froideur compassée et mystérieuse, ses airs hautains et son extravagance supposée. Elle sortait peu. Sa vie se passait en lectures nonchalantes et en amusements lascifs avec les femmes qu’elle tentait de donner en suppléance lesbienne à Blottsberg. Mais nulle ne savait agir sur ses nerfs comme le vieux poussah.

Il possédait une sorte d’intelligence sexuelle. Il jouait sur les muqueuses de Louise comme un violoniste sur ses cordes.

Les jours passèrent, une année entière, puis une autre. Paris, qui ne connaissait guère que de renommée la maîtresse du banquier, la surnommait : « la Chatte ». On lui attribuait la plupart des plaisanteries raides qui courent toujours les salles de rédaction des journaux mondains ou galants. Les caricaturistes la représentaient souvent et soulignaient de légendes lubriques les attitudes de « la Chatte ». Mais tout cela se faisait discrètement et sans méchanceté, car Blottsberg était puissant.

Un jour, le banquier se pâma si bien, après un divertissement auquel trois femmes participaient avec Louise, qu’il mourut. Il avait prétendu posséder par l’anus une jolie fille qui devait recevoir mille francs pour cette séance. Malgré l’énormité de la verge, elle avait supporté l’assaut sans faiblir. Ayant vécu dans le ruisseau, pauvre et habituée à coucher dehors, elle tenait mille francs pour le prix de plusieurs vies humaines. Aussi, avec une volonté d’acier, elle accepta enfin tout le paquet de Blottsberg. Elle pleura, mais ne plia pas. Une fois le membre introduit, Louise subirait les caresses coutumières, ce qui ne laissait pas de faire un ensemble compliqué, car, en même temps,