Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la vraie révélation de la volupté. Avec un cri de délices elle se renversa, les bras battants, sur les coussins. Elle offrait, les jambes écartées, tout son être à l’enivrant contact. Ah ! immobiliser cette minute délirante… Elle cria :

— Ah ! Ah ! je jouis !…

Pendant ce temps, au fond de la voiture, le sperme, tombant de l’énorme sexe du banquier, faisait une petite mare crémeuse…

Louise de Bescé devint la maîtresse de Blottsberg. Avec une aide convenable et dont les actrices changeaient selon l’humeur des deux personnages, elle procura au juif les plaisirs qu’il aimait tant. Son rôle était d’ailleurs si facile qu’il pouvait être comparé à une sinécure.

Elle se laissait lesbianiser par l’homme au priape monstrueux et, pendant ce temps, une autre femme faisait au mieux afin que l’éjaculation se produisît.

Cela finit par s’arranger excellemment. Blottsberg se montrait très généreux et Louise connaissait un type d’existence assez original. Maîtresse d’un notable, cela ne va pas sans donner un certain lustre à une femme. D’autre part, elle avait toujours eu une répugnance, non pas pudique, ce qui est toujours un peu stupide, mais seulement méprisante, pour le bas-ventre des mâles. La pudeur seule inspire ces horreurs de commande qu’on décrit dans les livres, et une indignation vertueuse que les personnages romanesques, s’ils existaient, eussent changée aussitôt en satyriasis ou en nymphomanie. Louise ignorait cette vergogne burlesque qui ressort de la religion et jette une sorte de ténèbre épouvantée sur les choses du sexe. C’est pourquoi elle pouvait, n’étant pas tenue d’en faire la cuisine, trouver de la curiosité à ces jeux organiques dont le phallus est le centre.