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IV

LA VOLUPTÉ

Louise de Bescé avait trouvé, dans le jeune homme à la « taille de plume », l’amant rêvé, riche, de bonne éducation et amoureux, qui assurerait son avenir.

Mais le destin voulait que la jeune fille fût rejetée encore une fois dans la misère. Elle était depuis quatre jours avec lui et il n’avait fait que lui acheter quelques bijoux, robes et vêtements intimes, quand, en descendant de son auto sur le boulevard Haussmann, un soir, il mit un pied dans un trou de pavage, tomba, et roula si malheureusement sous les bandages d’un autobus qu’il fut tué net.

Louise n’était pas avec lui ce soir-là. Elle apprit le lendemain par les journaux ce malheur qui la rejetait dans la prostitution. Elle resta presque un mois sans retourner à la rue quêter le mâle en désir.

Il lui fallut pourtant s’y décider lorsque sa fortune fut réduite à cinq cents francs.

Elle retourna sur le boulevard des Batignolles.

Cette fois personne ne l’accosta. Elle descendit alors, par la rue de Rome, vers la gare Saint-Lazare et parvenait au croisement de la rue de la Pépinière quand une main lui frappa sur l’épaule.

Elle se retourna, croyant sentir un ennemi et prête à faire front. Mais c’était tout bonnement un pauvre homme à chaussures éculées, et qui semblait quelque rond-de-cuir misérable.