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son sexe ou son anus possédât des qualités estimables, étroitesse invincible et forme épousant bien les verges, soit enfin qu’elle trouvât les points délicats des lèvres où le contact de la bouche et du membre viril conduit la jouissance à son sommet. Lorsque cet oiseau rare était découvert, on se succédait dans son antichambre. Il faut vraiment dire ici que l’on faisait queue.

La femme ainsi experte s’enrichissait donc en un tournemain. Si la chance voulait que ses pratiques fissent mourir un ou deux de ses patients, alors des hommes, enfiévrés par l’espoir de cette mort magnifique, venaient lui offrir leur main et des fortunes. L’on pouvait citer d’ailleurs des duchesses et des princesses, des femmes de lords anglais et de grands ducs, des reines de la haute société, qui avaient conquis cette situation prépondérante, en prêtant fesses ou bouche à des pratiques dont les connaisseurs se remémoraient longtemps le souvenir en salivant de plaisir.

Louise finit par ne plus voir, dans la société, que des muqueuses excitées. Lorsqu’elle suivait une rue, elle devinait derrière tous ces murs et dans toutes ces chambres des amants en contact. Et sur vingt voitures fermées qui passaient, la plupart ayant chastement baissé à demi les rideaux, il y en avait dix où des amoureux se montraient la bonne façon de jouir en public. Le bois de Boulogne, le soir, était le repaire de centaines de couples, assoiffés de luxure, qui couraient comme des chiens en rut après des vulves ou des virilités.

Ce cauchemar finit par convaincre la jeune Louise qu’un seul métier était honnête et loyal : la prostitution.

Elle pensa : que je travaille ici ou là, chez des hommes ou chez des femmes, chez des vieillards ou chez des infirmes, puisqu’il faut partout offrir son bas-ventre ou son arrière-train à des contacts et à des pénétrations gratuits, le mieux n’est-il pas de faire profession de ces contacts ?