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Louise se trouva un peu interloquée devant Jacques de Laize. Habituellement, elle le recevait avec une ironie calculée et mesurée à laquelle il ripostait très bien. Mais en ce moment elle restait encore sous l’impression des spectacles que lui avaient offerts les deux paysans passionnés, puis son cousin et la servante. Tout cela se présenta à son imagination sous forme de scène entre le docteur et elle-même. Cette fois, la réalité s’attestait écœurante. Louise crut sentir une verge d’homme l’assaillir…

Elle ne regarda donc point le médecin en face et il perçut cette fuite d’un regard qui, coutumièrement, ne craignait jamais d’affronter autrui. Il dit :

— Ma chère amie, faites-moi le plaisir d’une promenade à mon bras avant le dîner.

Louise hésita, puis crut qu’il fallait d’autant mieux dissimuler son trouble intime que, peut-être, seule dans sa chambre, si elle s’y rendait, elle subirait quelque tentation neuve qu’elle voulait éloigner.

— Allons, Jacques ! Je suis ravie de vous voir.

Il ne fut pas dupe, mais se tut. Ils sortirent. La nuit noyait la pelouse démesurée et jetait une ombre plus épaisse sur les massifs d’arbres qui la bordaient. Au bout de l’allée de chênes menant à la terrasse on percevait le croissant lunaire au ras de l’horizon.

— La poésie de ce décor ne vous trouble-t-elle pas, Louise ? Elle rit :

— Parfois, mais pas ce soir.

Délicatement, il ne questionna point, mais reprit :