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III

GALANTERIES

— Bonsoir, Louise !

Devant la jeune fille, qui franchissait la porte de la vaste salle des gardes, un jeune homme s’avança, plein d’aise et de dignité. C’était le fils du notaire de la famille de Bescé, le docteur Delaize, ou plutôt de Laize, comme il voulait désormais se nommer.

La salle des gardes avait, durant des siècles, abrité des soudards en uniforme, prêts à la défense du château. Aujourd’hui, le marquis en faisait une sorte d’atrium, où les nombreux visiteurs, gens de Bourse ou de négoce, se rassemblaient et conversaient ensemble, en se promenant sans façons. Trente mètres de longueur, sur vingt de largeur, y permettaient à une véritable foule d’aller et venir, en attendant d’être invitée à monter, par l’escalier de pierre ciselée qui occupait un angle et menait au bureau du maître de la maison.

Il y avait en ce moment, sous quatre lampes à arc placées aux angles de la salle, une dizaine de personnes à attendre. Louise, qui pouvait rentrer par quelque autre des cinq portes de l’immense demeure, aimait à passer par là. Sa jeune vanité était flattée de voir tant d’hommes, et des plus puissants, accourir lui baiser la main. Et puis elle aimait cette manifestation de la force paternelle. Enfin elle avait des amis et des amies parmi les enfants de personnages notoires qui fréquentaient assidûment la salle des gardes. Derrière le château, en ce moment, une dizaine d’autos devaient attendre, comme devant un théâtre, la nuit, à Paris.