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— Protège-moi contre ce pante-là. Il m’assomme !

Le médecin demeura seul au bord du trottoir. Autour de lui les boulevards extérieurs étaient d’un calme parfait. Des bouffées de musique venaient des établissements de nuit entourant la place Pigalle. Au loin, les lumières faisaient une sorte de chapelet et l’on entrevoyait dessous, çà et là, des ombres silencieuses.

Que lui fallait-il faire ? Se battre avec ce bandit, qui devait avoir dans sa poche la lame prête et le revolver armé ? Quelle ignominie ! Tristement, il s’en alla. Et derrière lui, le rire de Louise de Bescé commença de résonner, nerveux et lascif.

Il avait fait vingt pas lorsque apparut devant lui son ami, le fameux policier privé Hans Holler, descendant vers la rue Frochot. Se tournant vers le couple enlacé que faisaient là-bas Louise et le voyou montmartrois, il dit :

— Holler, tu vois ces amoureux-là ?

— Oui !

— Suis-les, ou fais-les suivre. Je veux savoir demain matin où est la femme. C’est une ancienne amie. Téléphone-moi à dix heures le résultat de cette surveillance.

— Bon ! Au revoir ! Je ne t’écoute plus, ils sont déjà loin.

Et Hans Holler s’en alla d’un pas bref et silencieux.

De Laize rentra tristement chez lui. Il ne dormit point et songea longtemps à ce dialogue avec Louise. Hélas ! il le savait bien, c’était une femme indomptable. Tout ce qui paraissait attenter à sa personnalité la faisait cabrer. Et le médecin se rendit bien compte qu’il avait dû à plusieurs reprises, dans leur entretien, froisser cette âme altière. Comment eût-il pu dire ce qu’il voulait sans blesser une énergie si agressive et que la lutte pour le pain, dans cette grande cité féroce, avait dû exaspérer jusqu’à la frénésie ?