Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

IV

L’INÉVITABLE

Louise de Bescé quitta le docteur de Laize et se mit à courir. C’était place Pigalle, en allant vers la place Blanche. Une demi-minute éberlué et saisi, le médecin ne bougea pas. Puis il réagit violemment et se précipita après la fugitive. Engoncée dans sa cape, elle courait mal et d’ailleurs ne semblait point imaginer être poursuivie.

Les pas pressés de Laize lui firent tourner la tête. Elle le vit arriver comme un taureau furieux.

Quand il fut à trois pas de Louise, elle s’arrêta enfin. Avec hauteur, son regard pesa sur le maladroit personnage qui croyait peut-être avancer ses affaires d’amour en caracolant après une femme comme celle-là. À dix mètres, adossé à un arbre, et éclairé par une lampe à arc, un jeune homme était debout. On voyait le visage ovale et fin, la stature svelte et gracieuse, l’allure désinvolte et plaisante. Mais une cigarette pendait à sa lèvre, et le chapeau posé sur la nuque, montrant un front coupé par des cheveux flous, désignait un maquereau du quartier. Il parut s’intéresser à la poursuite de cette grande femme, que sans doute il connaissait, par un homme à l’aspect évidemment « miché ». Louise dit alors d’une voix sèche et coupante :

— Ah ! ça ! mon cher de Laize, vous allez devenir mon cauchemar…

Le médecin répondit :