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III

LE CHOC

Le docteur de Laize, crispé, avait les yeux toujours fixés sur la forme élégante qui, dans la pièce voisine, et ne se sentant pas regardée, accomplissait avec un naturel parfait ces actes taxés d’infamie que seul justifie le plus ardent des amours.

Il avait chassé Thea Racovitza et l’Anglais aux fesses accueillantes. Il restait seul. Le front moite, il but un verre de champagne sans quitter des yeux le honteux spectacle.

C’était bien Louise de Bescé. Elle n’avait rien perdu de sa dignité, ni de sa grâce. Elle n’avait aucunement l’air d’une prostituée et non plus d’une maîtresse passionnée. Elle s’attestait femme du monde, un peu distante, sereine, impassible, et qui accomplit des choses… délicates aussi naturellement qu’elle offrirait des petits fours. Quelles choses ? Ah ! de Laize n’avait pas tout vu.

Louise avait, elle aussi, bu du champagne. Elle était revenue ensuite vers l’homme pantelant. Il se relevait alors et lui demandait quelque chose. Elle allait remplir son verre d’une liqueur rouge et le lui rapportait. Il buvait, puis paraissait vouloir que Louise accomplît un acte auquel la jeune fille se refusait doucement, avec un sourire mondain qui ne voulait pas expressément dire non.

Il insistait. Louise se retroussait et lui montrait sa croupe. Il l’embrassait avec une ardeur véhémente et de Laize ne voyait plus que le visage de la jeune fille, lui faisant face, et qui gardait un demi-sourire narquois.