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— Vous êtes aussi habillée qu’une vieille dévote de Carpentras.

Elle articula, en refermant la cape :

— Si vous voulez venir souper avec moi dans un cabinet, je me dévêtirai.

— Mais, Thea, vous vous êtes dénudée ainsi dans un but. Vous ne saviez pas me rencontrer et ce n’est tout de même pas votre tenue quotidienne.

Elle chuchota :

— Je vous donne une heure. À quatre heures je danse avec votre amie Lelivick et deux autres expertes danseuses.

— Et puis ?

— Il y aura deux hommes nus qui danseront aussi.

— Bien, Thea, je prends un cabinet, mais je veux tout de suite avec vous un de ces hommes nus.

— Vous l’aurez. Tenez, voici le premier maître d’hôtel. Demandez le salon !

Au désir exprimé par de Laize on accéda tout de suite. Il traversa un pan de la salle tumultueuse et fébrile, où les Kinkajous agitaient les nerfs des couples. Il entra alors dans un couloir à tapis épais et fut l’hôte du cabinet 6, dit « cabinet des gousses ». Une fresque infiniment belle courait en effet sur les quatre murs, représentant des femmes étendues, enlacées et incurvées, offrant toutes les fleurs de leurs corps aux baisers profonds ou superficiels, ardents ou souriants, d’autres femmes aux allures reptiliennes.

Cette arabesque de formes féminines caressait délicatement le regard. De Laize, qui connaissait ce lieu, le contempla encore avec délices. Il commanda à souper et attendit.