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— Pourquoi m’appelles-tu cochon ? Je suis un homme de science qui médite sur des problèmes complexes.

Elle ricana.

— Tu es un fou, oui !… un piqué !… Ah ! tu dois être salement exigeant avec les femmes !

— Non… peu. Je ne leur demande que de se taire. Mais à toi je ne te demanderai rien du tout.

Il continua son chemin, furieux d’avoir été troublé dans ses méditations d’érotisme transcendant et arriva devant le restaurant de nuit Phallos.

Une longue file d’autos ornait les deux trottoirs. Magnifiques voitures ou petits meubles de promenade à deux baquets. Des limousines, pareilles à des galeries d’Apollon en balade, voisinaient avec de minuscules torpédos basses sur pattes, qui avaient je ne sais quel air menaçant de mauvaises bêtes empoisonnées. Une foule se formait et se défaisait sans répit devant la porte de l’établissement.

C’étaient des femmes en robes de soirée, ou couvertes de pelisses, ou encore demi nues sous des manteaux à grands plis. Des hommes en frac regardaient et passaient, l’air glacial ou trop attentif. Trois valets en culotte courte, bas de soie et perruque, portant les couleurs de la princesse de Cedignan, propriétaire de la maison, s’empressaient parmi les groupes. Une lumière rose et éclatante tombait de cinq lampes à arc nues, dont on ne pouvait, sans cligner, regarder les trois charbons, d’une teinte solaire.

Le docteur de Laize traversa cette foule gracieuse et parfumée, qui le regarda entrer avec curiosité. Les femmes frémissaient des lèvres et deux hommes, après sa venue, se regardèrent obliquement en silence.