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II

AMOUR

De Laize remontait vers Montmartre. Deux heures sonnèrent à la Trinité, puis à une autre horloge, plus loin vers l’est, et encore vers le sud. Dans sa hantise de croupes et de sexes, centrée autour de l’image que Louise de Bescé avait laissée en son esprit, il voulut évoquer d’autres pensées. Il dit tout haut :

— Rien n’est plus métaphysique qu’une pendule, en somme. Ce rappel à l’écoulement du temps, c’est tout l’esprit humain…

Il songea au sablier qui pare la fameuse Melancholia d’Albert Dürer, puis cela le ramena aux cadrans galants où tant de vieilles estampes marquent l’heure du berger…

Il haussa les épaules. Tout le menait à l’amour. Il imagina encore Louise de Bescé, et elle se faisait posséder par une verge longue comme une jambe, que portait un satyre monstrueux.

— Je suis bête de lier sans cesse des idées différentes que rien, sauf mon détraquement, ne devrait accoupler. Le sexe masculin s’évoque au médecin sous une forme monstrueuse. Soit ! Mais c’est professionnel. Combien en ai-je vus, que la maladie avait transformés en magnums à champagne ? Quant à cette luxure féminine à laquelle je pense souvent, si j’en extrais l’image de Louise, qu’y subsiste-t-il d’anormal ? Je me suis enrichi dans la thérapeutique sexuelle. Elle explique donc que j’évoque l’acte dont le jeu la rend nécessaire !

Cette série de réflexions fit la clarté dans l’âme du docteur de Laize. Il se sentit plus léger.